L'œil vérité
Le musée au second degré au MAC VAL
L'œil vérité
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L'œil vérité

L'œil retors



Si il y a bien un sens qui surclasse les autres pour le visiteur d'exposition, c'est la vue !
Le MAC VAL nous convie par son directeur et commissaire Nicolas Surlapierre à explorer ce sens dans une exposition nommée "l'œil vérité, le musée au second degré", un développement autour de l'œil en 16 chapitres : l'œil retors, l'œil abusé, l'œil imprévisible, l'œil moteur, l'œil impossible, l'œil biface, l'œil curieux, l'œil attendri, l'œil incompris, l'œil phénomène, l'œil libéré, l'œil périphérique, l'œil bobine, l'œil fertile, l'œil blessé et l'œil Restany, à partir d'une sélection des œuvres de la collection du musée, à voir ou revoir, car sur vingt ans d'existence le musée a acquis un grand nombre d'œuvres modernes et contemporaines.

C'est dans ce vivier que le commissaire est allé puiser en premier, ressortant des œuvres quelque fois rarement montrées depuis leurs acquisitions mais aussi pour compléter son propos, en empruntant quelques œuvres extra muros en ajout, que l'idée de repenser "une histoire de l'art moderne et contemporain en France" s'est établie.

Redéfinir les frontières entre l'art moderne, traditionnellement défini en rupture et l'art contemporain qui ne se satisfait pas des prérequis (*), ces notions préétablies au fil du temps par les historiens de l'art, depuis la fin de la guerre 45, et qui aujourd'hui, quelques décennies plus tard, semblent plus complexes et mobiles, une lecture phénoménologique et subjective définissant d'autres territoires associatifs. L'exposition se veut une revisite de ces classifications d'œuvres sous le signe de Gérard Genette et de son ouvrage Palimpsestes. La littérature au second degré paru en 1982.

L'exposition commence par l'œil retors avec la présentation de La cabane éclatée polychrome aux miroirs, 2000 de Daniel Buren semant le trouble dans la vision entre les pleins et les vides, les plans peints, les miroirs et l'architecture. A proximité l'œuvre Marcel Duchamp en douze images, 2001 d'André Raffray retraçant des moments forts de la vie de Marcel Duchamp en tirages numériques, de dessins un peu désuets, place le regard dans une lecture de second degré et dans divers développements par rapport à notre connaissance de l'œuvre de Duchamp.

Le second chapitre finit d'établir le trouble dans l'œil abusé. Jacques Charlier propose une imposture en présentant une collection de peintures modernes Peintures-Schilderijen, 1988.
Tout semble normal, la collection, les peintures, les cartels des artistes avec leur parcours et les dates. Or ici, tout est pure invention et supercherie. L'œuvre de Charlier fonctionne comme un dispositif subversif de la notion de collection et de musée. L'œil et l'esprit du visiteur sont prêts pour affronter la suite des 14 autres propositions reliant des œuvres et des artistes dans des ensembles thématiques ; les clivages abstrait/figuratif, art cinétique et figuration narrative, un cabinet de curiosités dans L'œil curieux, et dans L''œil phénomène consacré aux recherches de Jean Dubuffet. Le nouveau réalisme est représenté avec un hommage dans L'oeil Restany, conjointement à L'œil libéré de Support/Surface. La photographie n'est pas oubliée dans l'œil attendri où sont présentées une sélection de photographies noir et blanc humanistes sur le monde des travailleurs dans les années 1930 et de leurs loisirs naissants.

Une salle L'œil bobine, où nous visionnerons du cinéma expérimental et L'œil fertile qui propose les archives de Raoul-Jean Moulin et des livres d'artistes du centre de documentation du MAC VAL.
Le dernier opus L'oeil blessé est consacré à l'œuvre Trésors de la mémoire, 2002 de Sarkis Un néon rouge fluctue dans l'espace sur des photos noires et blanches d'enfants, reliant les regards de ceux-ci. Ces images sont tirées de films dans lesquels ces enfants sont des héros. Mais ceux-ci n'ont pas eu la reconnaissance et sont tombés dans l'oubli. Dans ce contexte cette œuvre est emblématique, en prolongeant la réflexion sur la pérennité du regard et aussi peut-être des artistes.

L'exposition est un parcours aéré et agréable à parcourir (comme tout le musée d'ailleurs) où l'œil du regardeur, ses connaissances et son esprit d'analyse sont sollicités dans ses choix.
C'est la monstration des œuvres et cet œil qui font exister l'œuvre et sa subjectivité fait son parcours. Une expérience phénoménologique de l'art et de ces décloisonnements.

Cette exposition remet sur le métier les classifications et établit de nouvelles propositions. Ce qui est important et intéressant aussi est le fait du choix intramuros, qui donne aussi une idée de la politique d'acquisition du musée au fil des décennies et les choix que peut en faire un commissaire actuel.
Le montage en circuit-court où l'économie de production est réduite est aussi une préoccupation actuelle, car chaque musée a une autonomie et une collection propre avec des œuvres et des artistes quelque fois peu connus ou inconnus ou oubliés, ce qui ne veut pas dire inintéressants. Questionner ces émergences est aujourd'hui passionnant… A voir, évidemment !
 
Pascal Vrignaud
Paris, février 2024
 
 
(*))citation du commissaire

Avec les oeuvres de Valerio Adami, Gilles Aillaud, Arman, Geneviève Asse, Martin Barré, Gilles Charles Roger Bec, Claude Bellegarde, Robert Breer, Anne Brégeaut, Joël Brisse, Camille Bryen, Marie-Claude Bugeaud, Pierre Buraglio, Daniel Buren, Pol Bury, César, Jacques Charlier, Roman Cieslewicz, Delphine Coindet, Emile Compard, Olivier Debré, Jean Degottex, François Despatin & Christian Gobeli, Daniel Dezeuze, Erik Dietman, Robert Doisneau, Noël Dolla, Jean Dubuffet, François Dufrêne, Erro, Sylvie Fanchon, Jacques Faujour, Philippe Gronon, Raymond Hains, Hans Hartung, Jean Hélion, Pontus Hultén, Christian Jaccard, Alain Jacquet, Asger Jorn,Michèle Katz, Ladislas Kijno, JIři. Kolář, François Kollar, Jacqueline Lamba, René Laubiès, Philippe Lepeut, Alberto Magnelli, Robert Malaval, Alfred Manessier, Marino di Teana, Jean Messagier, Henri Michaux, Bernard Moninot, Jacques Monory, Bernard Pagès, Gina Pane, Pavlos, Bruno Peinado, Daniel Pommereulle, Clovis Prévost, André Raffray, Bernard Rancillac, Martial Raysse, Antonio Recalcati, Judit Reigl, Germaine Richier, Willy Ronis, François Rouan, Sarkis, Peter Saul, Antonio Segui, Jean-Claude Silbermann, Jesús Rafael Soto, Daniel Spoerri, Peter Stämpfli, Veit Stratmann, Takis, Hervé Télémaque, Luis Tomasello, Geer van Velde, Vladimir Veličković, Claude Viallat, Jacques Villeglé, Sabine Weiss.

Commissariat général : Nicolas Surlapierre. Assistance de Florence Cosson, Anaïs Linares et Margaut Segui

Un catalogue de 300 pages, vendu à un prix modeste (16 euro), reprend les seize chapitres et complète l’exposition. Magnifiquement bien documenté, référencié et complété de textes argumentés et explicatifs des commissaires.

Le Musée propose aussi un mini hommage à Véra Molnar, qui nous a quitté récemment. Et une exposition rétrospective dérivée (1993-2023) des travaux de Matthieu Laurette avec la participation de quelques artistes donc Raymond Hains, Thomas Hirschhorn, Pierre Huyghe…

Jusqu’au 22 septembre 2024
L’œil vérité, le musée au second degré
Commissariat général : Nicolas Surlapierre
Assistance de Florence Cosson, Anaïs Linares et Margaut Segui

MAC VAL, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne
Place de la libération – 94400 Vitry-sur-Seine
www.macval.fr - tél. : +33 1 43 91 64 20

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